dimanche 28 juillet 2019

Ce qu’elles disent, de Miriam Toews


Ce qu’elles disent, de Miriam Toews, éditions Buchet Chastel, août 2019, 225 pages, 19€.



Résumé :
 
Entre 2005 et 2009, dans une communauté mennonite isolée de la Bolivie, appelée la colonie du Manitoba, du nom de la province du Canada, de nombreuses filles et femmes, le matin venu, éprouvaient de la difficulté à émerger du sommeil. On les avait agressées durant la nuit, et leur corps meurtri saignait. Il s’est avéré que huit hommes de la colonie s’étaient servis d’un anesthésiant vétérinaire pour plonger leurs victimes dans l’inconscience et les violer. Ce qu’elles disent est à la fois une réaction à ces faits vécus, exprimée par le truchement de la fiction, et un acte d’imagination féminine.

Dès le petit matin, huit femmes – des grand-mères, des mères et des filles appartenant à la même communauté – gravissent l’échelle qui mène au grenier de la grange. Leurs voix s’élèvent, d’abord hésitantes, puis avec force. Elles se consolent, se taquinent, se font des remontrances, racontent ou discutent tout simplement les unes avec les autres. Peu à peu, nous arrivons à comprendre pourquoi elles se sont rassemblées là. Elles ont quarante-huit heures devant elles pour arriver à une décision qui changera à tout jamais leur vie et celle de leurs enfants. Et c’est à un homme, l’instituteur August Epp, que revient la tâche de consigner les conversations de ces femmes analphabètes.

Mon avis :

= Partir ou rester ? =

Ce roman est basé sur un fait réel qui a été romancé par l’autrice pour le besoin de son roman.

Huit femmes victimes de viols se réunissent assistées de l’instituteur August Epp, qui doit consigner les dires de ces femmes analphabètes. Elles doivent décider de leur sort. Quitter la communauté à laquelle elles ont toujours appartenu ou bien rester.
Pour moi, cette communauté est une véritable découverte, je ne connaissais pas la colonie mennonite de Manitoba.

Bien évidemment, je connaissais des colonies qui vivent en complète autonomie sans contact avec le monde extérieur, mais celle-ci, non.
Une communauté  patriarcale dans laquelle les hommes décident, mais aussi dans laquelle les femmes travaillent comme des bêtes élèvent les enfants et sont sous le joug des hommes.
Elles qui pensaient vivre en paix et en harmonie, vont découvrir suite à leur viol et aux discussions secrètes qu’elles vont tenir après que cette vie n’est peut-être pas celle qu’elles pensaient !

‘‘Ona parle. Comme les anciens et l’évêque de Molotschna ont décidé que nous n’avions pas besoin de soutien psychologique à la suite des agressions, puisque nous étions inconscientes au moment où elles se sont produits, sommes-nous obligées ou même capables de pardonner ? De pardonner une chose qui n’est pas arrivée ? Une chose que nous ne pouvons pas comprendre ? Qu’est-ce que ça veut dire, en gros ? Que  « le monde », si nous ne le connaissons pas, ne peut pas nous comprendre ? Sommes-nous libres parce que nous ignorons que nous sommes en prison ?’’.

Le lecteur va découvrir ces huit femmes tour à tour toutes différentes.
Un huis clos qui nous fait toucher quelques vérités essentielles sur l’amour, le couple, les rapports de force qui y règnent et sur la seule manière d’y échapper : la solidarité.

Je dois avouer qu’au début j’ai eu beaucoup de mal avec ce récit.
D’une part, car dès le début, il y a trop de prénoms d’un seul coup et que je me suis perdu.
D’autre part le style de l’autrice assez particulier, car ici, le lecteur assiste à des réunions lors desquels chaque femme dit ce qu’elles pensent, elle pèse le pour et le contre de ce départ et c’est comme si je lisais un récit un peu décousu de sens.

Mais au fur et à mesure de ma lecture dans laquelle j’ai dû me concentrer pour ne pas perdre le fil je me suis habitué au prénom de chacune et découvert des femmes parfois drôles puis sages. Des femmes meurtries qui oscillent perpétuellement entre la colère et la compassion.
J’ai aussi découvert les us et coutumes de la communauté.

Un sujet très sensible tout en étant intéressant, mais qui pour me ne me fait pas oublier cet arrière-goût de difficulté à la lecture du début du récit, ce qui est dommage !


Ma note : 14/20                                       Un avis By Maria Lebreton.

Quelques mots sur l’autrice :

Miriam Toews, canadienne née à Steinbach, Manitoba en 1964 est une romancière et une essayiste.

Née de parents mennonites, elle a quitté à 18 ans sa ville natale pour partir vivre à Montréal et à Londres avant de s'installer à Winnipeg. Elle est diplômée en cinéma de l'Université du Manitoba et en journalisme de l'Université de King's College à Halifax.

Elle a écrit son premier roman, "Summer of My Amazing Luck" (1996), en travaillant comme pigiste et animatrice de radio. Son père, qui souffrait de psychose maniaco-dépressive grave, s'est suicidé en 1998. Dans "Jamais je ne t'oublierai" ("Swing Low: A Life", 2000), elle raconte sa vie.

Son troisième roman "Drôle de tendresse" ("A Complicated Kindness", 2004) fut sa véritable percée littéraire, passant plus d'une année sur les listes de meilleurs vendeurs canadiens et gagnant le prix du Gouverneur général pour une œuvre de fiction en langue anglaise. Il a également remporté l'édition 2006 du concours radiophonique canadien le "Combat des livres".

Miriam Toews a tenu un rôle principal dans le film "Lumière silencieuse" ("Stellet Licht", 2007), écrit et réalisé par le cinéaste mexicain, Carlos Reygadas - une expérience qui a inspiré son cinquième roman, "Irma Voth" (2011).

"Pauvres petits chagrins" ("All My Puny Sorrows", 2014) est basé sur l'histoire vraie de sa sœur Marjorie, décédée à la suite d'un suicide en 2010. Le roman a remporté le Rogers Writers' Trust Fiction Prize de 2014, et il a été nommé l'un des meilleurs livres de l'année par
Kirkus, Publisher's Weekly, The Globe and Mail, The Boston Globe, The Washington Post...

En 2018, elle publie son septième roman, "Ce qu'elles disent" ("Women Talking"), qui a figuré dans les 10 romans les plus vendus au Canada la même année.

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