jeudi 26 mars 2020

Et toujours les forêts de Sandrine Collette


Et toujours les forêts de Sandrine Collette, éditions JC Lattès, décembre 2019, 334 pages, 20€.



Synopsis :
Corentin, personne n’en voulait. Ni son père envolé, ni les commères dont les rumeurs abreuvent le village, ni surtout sa mère, qui rêve de s’en débarrasser. Traîné de foyer en foyer, son enfance est une errance. Jusqu’au jour où sa mère l’abandonne à Augustine, l’une des vieilles du hameau. Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l’aïeule, une vie recommence.
À la grande ville où le propulsent ses études, Corentin plonge sans retenue dans les lumières et la fête permanente. Autour de lui, le monde brûle. La chaleur n’en finit pas d’assécher la terre. Les ruisseaux de son enfance ont tari depuis longtemps ; les arbres perdent leurs feuilles au mois de juin. Quelque chose se prépare. La nuit où tout implose, Corentin survit miraculeusement, caché au fond des catacombes. Revenu à la surface dans un univers dévasté, il est seul. Humains ou bêtes : il ne reste rien. Guidé par l’espoir insensé de retrouver la vieille Augustine, Corentin prend le long chemin des Forêts. Une quête éperdue, arrachée à ses entrailles, avec pour obsession la renaissance d’un monde désert, et la certitude que rien ne s’arrête jamais complètement.

Mon avis :

= Jusqu’à la noirceur extrême de l’être humain. =

‘‘Les vieilles l’avaient dit, elles qui voyaient tout : une vie qui commençait comme ça, ça ne pouvait rien donner de bon. Les vieilles ignoraient alors à quel point elles avaient raison et ce que cette petite existence qui s’était mise à pousser là où on n’en voulait pas connaître de malheur et de désastre. Bien au-delà d’elle-même : ce serait le monde qui chavirerait. Mais cela, personne ne le savait encore.’’

C’est avec ces premières phrases très noires, intrigantes que l’autrice plonge d’entrée de jeu son lecteur dans une atmosphère angoissante.
Un enfant, Corentin issu d’une relation extraconjugale, non désirée sera ballotté par sa mère de famille d’accueil en famille d’accueil pour finir par trouver son refuge et son équilibre chez son arrière-grand-mère dans la forêt.
Il grandira, fera de bonnes études tout en pensant que le pire est derrière lui.
Mais il se trompe ! Le pire reste à venir pour lui et l’humanité entière.

Avec ce roman noir poste apocalyptique, mêlant réel et fiction, Collette Sandrine signe un roman dans lequel les maîtres mots sont : peur, horreur, angoisse. Il faut survivre à tout prix !

Elle pousse ses personnages dans des situations, des actions et dans des environnements extrêmes tout en les rendant réalistes. Même la psychologie des personnages est poussée à son extrême. Révélant ainsi la noirceur la plus profonde de l’être humain pour vivre et surtout survivre.

Ce roman pose aussi au lecteur la question de savoir jusqu’où vous iriez pour rester en vie ? L’autre aurait-il de l’importance ou est-ce vous avant tout ?

Toute la cruauté humaine y est révélée. A la lecture de ce roman que j’ai dégusté comme un excellent, filme. L’autrice a réussi à faire passer toute une palette de sensation émotionnelle à travers mon esprit et mon cœur.

Pour moi, c’est l’un de ses meilleurs romans.
Fluide, intrigant, magnifique, horriblement addictif. Un gros coup de cœur pour moi qu’il ne faut absolument pas rater !

Ma note de lectrice : 21/20                                  Un avis By Maria Lebreton.



Quelques mots sur l’autrice :

Sandrine Collette est née à Paris en 1970, elle passe un bac littéraire puis un master en philosophie et un doctorat en science politique.

Elle devient chargée de cours à l'Université de Nanterre, travaille à mi-temps comme consultante dans un bureau de conseil en ressources humaines et restaure des maisons en Champagne puis dans le Morvan.

Elle décide de composer une fiction et adresse son manuscrit aux éditions Denoël. Il s’agit "Des nœuds d'acier", publié en 2013. Son premier roman rencontre un vif succès critique et public avec 20 000 exemplaires vendus. Il obtient le Grand Prix de littérature policière ainsi que le Prix littéraire des lycéens et apprentis de Bourgogne.

En 2014, elle publie son second roman "Un vent de cendres" (chez Denoël) qui revisite le conte La Belle et la Bête.

Devenue l'un des grands noms du thriller français, une fois encore, elle montre son savoir-faire imparable dans "Six fourmis blanches" (2015).

"Il reste la poussière" (2016) obtient le Prix Landerneau du polar. En 2017 paraît "Les larmes noires sur la terre".

Sandrine Collette partage son temps entre la région parisienne et son élevage de chevaux dans le Morvan.

dimanche 22 mars 2020

Otage de Nina Bouraoui


Otage de Nina Bouraoui, éditions JC Lattés, décembre 2019, 152 pages, 18€



 Synopsis :
«  Je m’appelle Sylvie Meyer. J’ai 53 ans. Je suis mère de deux enfants. Je suis séparée de mon mari
depuis un an. Je travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc. Je dirige la section des
ajustements. Je n’ai aucun antécédent judiciaire.  »
Sylvie est une femme banale, modeste, ponctuelle, solide, bonne camarade, une femme simple, sur
qui on peut compter. Lorsque son mari l’a quittée, elle n’a rien dit, elle n’a pas pleuré, elle a essayé de faire comme si tout allait bien, d’élever ses fils, d’occuper sa place dans ce lit devenu trop grand pour elle.
Lorsque son patron lui a demandé de faire des heures supplémentaires, de surveiller les autres salariés, elle n’a pas protesté : elle a agi comme les autres l’espéraient. Jusqu’à ce matin de novembre où cette violence du monde, des autres, sa solitude, l’injustice se sont imposées à elle. En une nuit, elle détruit tout. Ce qu’elle fait est condamnable, passable de poursuite, d’un emprisonnement mais le temps de cette révolte Sylvie se sent vivante. Elle renaît.
Un portrait de femme magnifique, bouleversant : chaque douleur et chaque mot de Sylvie deviennent les nôtres et font écho à notre vie, à notre part de pardon, à nos espoirs de liberté et de paix.
  
Mon avis:
= Un roman court, mais puissant. =


Sylvie Meyer, 53 ans, travaille dans une entreprise de caoutchouc : La Cagex.
Elle est mariée et a deux fils, une vie tout à fait banale. Mais lorsque son mari lui annonce : ‘‘Je m’en vais’’, elle ne réagit pas et continue sa vie comme à son habitude. La seule chose qui change pour elle est la garde alternée pour ses enfants.
Elle ne ressent rien à l’annonce de cette rupture, elle l’attendait même.

‘‘C’était fini, sans qu’on se le dise, mais au fond de nous, on savait. On sait toujours ces choses-là ! On les redoute, mais on les sait. C’est faux de dire que l’on est surpris du départ de l’autre. Faux. Parfois, sans l’admettre on l’espère, on le provoque et chacun de nos gestes mène à la chute.’’

Mais son attitude du début n’est qu’une apparence, car inconsciemment toute sa vie va exploser et ce jusqu’à commettre l’irréparable.

Un récit bien ficelé qui montre la complexité psychologique de l’être humain.
Des traumatismes subis pendant l’enfance qui remonte à la surface.
Il y a la face que l’on donne à voir aux autres et celle que l’on garde au fond de nous.

Une femme qui rêve de liberté, car toute sa vie elle n’a fait que de s’enfermer dans son propre mensonge.

La thématique de la souffrance au travail est présente dans ce livre, un thème qui est d’actualité dans notre société.

Un roman profond, subtil sans tomber dans le mélo.
Une plume efficace qui fait de ce roman, un livre petit de par son nombre de pages, mais très puissant quant à sa signification et son contenu.

Un gros coup de cœur pour moi, un livre à livre absolument !

Ma note de lectrice : 21/20                                            Un avis By Maria Lebreton.



Quelques mots sur l’autrice :

Nina Bouraoui est une romancière française, née à Rennes le 31/07/1967.

Née d'un père algérien originaire de Jijel et d'une mère bretonne, elle passe les quatorze premières années de sa vie à Alger avec sa sœur. C'est lors d'un été en Bretagne, dans sa famille maternelle, en 1981, qu'elle apprendra la décision de ses parents de ne pas retourner en Algérie, ses parents craignant le début de violence dans le pays. Elle va vivre cette période comme un drame, car elle ne peut faire d’adieux ni récupérer de souvenirs de sa vie d’avant.

Elle vivra son adolescence successivement à Paris, Zurich et Abou Dabi, puis revient à Paris après son baccalauréat pour étudier la philosophie et le droit.
Attirée dès l'enfance par le dessin et l'écriture, c'est l'écriture qui lui permettra de "trouver sa place dans le monde".

C'est grâce à l'envoi de son manuscrit par la poste, sans recommandation, qu'est publié son premier roman "La voyeuse interdite" (Gallimard) en 1991, qui connaîtra un succès international et recevra le prix du Livre Inter.

Ses œuvres, largement autobiographiques, font régulièrement l’actualité. Dans ses romans, elle écrit sur l'amour, l'homosexualité - elle ne cache pas la sienne, l'identité et ses troubles ainsi que sur son enfance algérienne dont elle conserve la nostalgie.

Son neuvième roman, "Mes mauvaises pensées" (2005), dans lequel elle revient sur son enfance algérienne, sa jeunesse parisienne, son homosexualité, obtient le prix Renaudot en 2005. En 2018, elle est dans la première sélection du prix Femina pour "Tous les hommes désirent naturellement savoir".

Un de ses poèmes a été repris par le groupe Les Valentins et mis en musique dans la chanson "La Nuit de plein soleil". Elle est Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres et ses livres sont traduits dans une quinzaine de lan
gues.

dimanche 15 mars 2020

Nous rêvions juste de liberté, d’Henri Lœvenbruck


Nous rêvions juste de liberté, d’Henri Lœvenbruck, édition j’ai lu, février 2017, 489 pages, 7.80€.

Synopsis :


"Nous avions à peine vingt ans, et nous rêvions juste de liberté." Ce rêve, la bande d’Hugo va l’exaucer en fuyant la petite ville de Providence pour traverser le pays à moto. Ensemble, ils vont former un clan où l’indépendance et l’amitié règnent en maîtres. Ensemble ils vont, pour le meilleur et pour le pire, découvrir que la liberté se paye cher.

Nous rêvions juste de liberté réussit le tour de force d’être à la fois un roman initiatique, une fable sur l’amitié en même temps que le récit d’une aventure. Avec ce livre d’un nouveau genre, Henri Lœvenbruck met toute la vitalité de son écriture au service de ce road movie fraternel et exalté.


= L’amitié plus forte que tout ? =


Hugo Felida est né à Providence, une petite ville perdue.
Issu d’une famille pauvre, il est élevé par une mère dépressive suite à la mort de sa sœur dans un accident lorsqu’elle avait trois ans.
Au vu de son comportement et de ses résultats scolaires jugés inadmissibles, ses parents vont l’obliger à aller dans une école privée.
Il se sent seul, incompris et décide d’aller habiter dans la petite roulotte derrière la maison familiale.

Dans son école de ‘‘bourge’’, il va faire la rencontre de Freddy Ceresto et de sa bande de dures à cuire qu’il va réussir à intégrer.
Il se sent bien avec eux, c’est devenu sa nouvelle famille, il se sent revivre à nouveau.
A eux quatre, ils vont faire les 400 coups, vivre plus fort, tout en conservant chacun leur forte personnalité.

Mais après plusieurs temps passés ensemble, leur amitié résistera-t-elle aux aléas de la vie, au choix de chacun ? L’amitié est-elle plus forte que tous ? Jusqu’où iriez-vous par amitié pour l’autre ?

‘‘  « Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté. »
Voilà, au mot près, la seule phrase que j’été foutu de prononcer devant le juge, quand ça a été mon tour de parler. Je m’en faisais une belle image, moi de la liberté. Un truc sacré, presque un truc dont on fait des statues. J’ai pensé que ça lui parlerait.
Plus le temps passe, plus j’ai l’impression de voir nos libertés s’abîmer, comme un buisson auquel on fait rien que de couper les branches, « pour son bien ! ».’’

Un roman sur l’amitié, la fidélité, mais aussi sur un sujet toujours d’actualité : la précarité des jeunes.
Magnifique histoire qui dépasse le tabou de la parole sur les sentiments. Ce sont des jeunes hommes, puis des hommes qui vont parler de leurs sentiments, leur ressentie et sans retenue !

Mais lorsque l’être humain grandit, qu’il n’est plus un enfant, mais un adulte, avec des envies et des perspectives de vie différentes de l’autre : que deviennent ces amitiés.

Ils commettront des erreurs de jeunesse, comme tout à chacun, mais les leurs seront parfois beaucoup plus lourdes de conséquences. Mais seront-ils solidaires lorsque la vérité sera découverte ?

Ce livre est une explosion de sensation pour son lecteur.
Ecrit d’une plume fluide, une intrigue intense qui en fait un page-turner.

C’est un roman sur l’amitié, la liberté, l’amour fraternel et l’amour, un livre dans lequel chacun de nous peut se reconnaître, reconnaître sa jeunesse passée, ses amitiés, ses aspirations et ses espérances pour une vie meilleure.

Une œuvre intemporelle qu’il faut absolument avoir lue dans sa vie de lecteur. Et dont vous ressortirez avec beaucoup de questionnement.


Ma note de lectrice : 20/20                                                   Un avis By Maria Lebreton.


Quelques mots sur l’auteur :

Henri Lœvenbruck est écrivain, parolier et scénariste.
De nationalité française, il est né à Paris le 21/03/1972.
Auteur de thrillers et de romans d'aventures, il est traduit dans plus de quinze langues.

Après le bac, hésitant entre la musique et la littérature, il tente d’allier ses deux passions : la semaine, il étudie en khâgne au lycée Chaptal et le week-end il se défoule en concert ou en studio avec de nombreux musiciens. Après avoir étudié la littérature américaine et anglaise à la Sorbonne, l’heure du service national venue, il fait une objection de conscience et passe 17 mois comme maquettiste aux Éditions Francophones d’Amnesty International, il épouse d'ailleurs une Anglaise, puis il part vivre en Angleterre, près de Canterbury, où il enseigne le français dans un collège.

De retour en France, il exerce divers métiers, de barman à web-designer en passant par professeur d’anglais, avant de se diriger vers le journalisme littéraire. Après quelques pas dans le journalisme et la musique (il chantait et jouait de l’orgue Hammond dans divers groupes de rock parisiens), au milieu des années 90, il fonde Science-Fiction Magazine avec Alain Névant, un ami d'enfance.

Après être resté rédacteur-en-chef de ce titre de 1996 à 2000, il publie son premier roman en 1998 aux éditions Baleine, sous le pseudonyme de Philippe Machine. Il décide ensuite de se consacrer pleinement à l'écriture.
Il publie alors deux trilogies de Fantasy, "La Moïra" (2001-2002) et "Gallica" (2004), lesquelles rencontrent un succès inédit pour un auteur français ("La Moïra" dépasse en France les 300 000 exemplaires, toutes éditions confondues, et les droits sont vendus dans 11 pays).
Suivront de nombreux thrillers aux éditions Flammarion ("Le Syndrome Copernic", 2007, "Le Rasoir d’Ockham", 2008…) qui lui vaudront d’être qualifié par le Nouvel Observateur de "nouveau maître du thriller français".

Auteur-compositeur-interprète, il écrit des chansons pour lui-même et pour d'autres artistes français. De 2013 à 2015, il rejoint le groupe de rock Freelers.
Membre fondateur du collectif d'artistes La Ligue de l'Imaginaire, en juillet 2011, il est nommé Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres.
En 2015, son roman "Nous rêvions juste de Liberté", salué par la critique, est en cours d'adaptation pour le cinéma.

Le syndrome de Copernic d’Henri Loevenbruck

Le syndrome de Copernic d’Henri Loevenbruck, éditions J’ai lu, décembre 2007, 507 pages, 8€.   Synopsis : Un matin d'été ordin...