mardi 30 juin 2020

Jacques, l’enfant caché d’Emmanuelle Friedmann


Jacques, l’enfant caché d’Emmanuelle Friedmann, éditions Presse de la Cité, mars 2020, 262 pages, 19€.


Synopsis :
 
1943. Le petit Jacques, séparé pour la première fois de sa mère, est confié au pasteur Joussellin dans le château de Cappy, dans l'Oise, devenu le refuge de nombreux enfants juifs... Un roman alliant la force de l'émotion à la tragédie de l'Histoire, inspirée de l'enfance du père de l'auteur.
1943. Depuis la mort de son père, fusillé par les nazis, Jacques n'a plus le cœur à jouer. A Paris, sa mère Blima et lui, loin de leur famille disséminée, vivent dans la peur constante d'une arrestation. Prête à tout pour le sauver et lui épargner de vivre terré dans des caves, Blima confie son petit garçon au pasteur Joussellin.
Le château de Cappy dans l'Oise, qu'il dirige avec humanité, est devenu le refuge d'une centaine d'" enfants cachés " juifs. C'est un déchirement pour Jacques, qui, à huit ans, n'a jamais été séparé de sa mère. Malgré l'inquiétude, la solitude, la peur, l'enfance peut-elle reprendre ses droits ?
Dans ce roman tiré d'une histoire vraie, celle du père de l'auteure, l'émotion et la gravité côtoient l'innocence et le courage des jeunes héros, portés par les tragédies de l'Histoire. Avec, en filigrane, le portrait d'un Juste, le pasteur Joussellin.

Mon avis :
= Un récit intense. =

‘‘(Avertissement)
Pendant plus d’une année, entre 1943 et 1944, mon père, Jaques Friedmann, fut caché au château de Cappy, dans le village de Verberie, dans l’Oise. A partir de ses souvenirs, forcement partiels et partiaux, j’ai tenté de reconstituer les mois vécus à la « colonie de vacances » créée par le pasteur Joussellin (fait juste entre les nations en 1980) à Verberie.’’

Emmanuelle Friedmann livre sans son récit le passé de son père.
Un enfant, Jacques né juif à une époque où être juif ne présageait rien de bon.
Sa mère Blima a tout fait pour protéger son fils, seule car son père a été fusillé par les nazis.

Même si pour Jacques ce fut un déchirement lorsque sa mère se sépara de lui pour lui sauver la vie, il va peu à peu, lui l’enfant solitaire, partager de beaux moments d’amitié et d’entraide dans « la colonie de vacances ».

Un magnifique récit mêlant faits réels et fiction.
L’autrice à travers son écriture fluide, sincère et sans mots cachés réussis à faire passer toute une palette d’émotion chez son lecteur : la haine, la peur, le désespoir, mais aussi la joie, la volonté de se battre pour survivre et la bonté humaine.

J’ai beaucoup aimé ce récit, mais la seule chose qu’il me manquait, le petit plus pour en faire un gros coup de cœur, c’est plus de détails. Vous me connaissez, toujours avide d’en savoir plus. Surtout sur une période aussi intense et bouleversante.
Ceci étant dit cette lecture restera gravé dans ma mémoire à jamais.

Magnifique et triste, ce livre est à découvrir absolument et je vous le recommande sans modération.


Ma note de lectrice 19/20                                             Un avis By Maria Lebreton.


Quelques mots sur l’autrice :
Après des études d’histoires économiques et sociale contemporaine qui devait la mener au professorat, Emmanuelle Friedmann a pris des chemins de traverses.
Un premier emploi chez Fayard comme éditrice, plusieurs années comme journaliste s’intéressant à des thématiques variées, la littérature, l’environnement, les tendances nationales (Paris Obs, Coté Femme, Vivre Plus, Questions de Femmes), quelques chroniques littéraires en Radio, sur RCF, dans l’émission au Fils des Pages et une passion pour l’enseignement, comme chargée de TD à l’université de Créteil et de Censier sur des thématiques journalistiques et professionnelles.
C’est en 2010 qu’est publié son premier roman.
Depuis, elle partage son temps entre l’écriture de romans, de romans historiques, de documents, d’articles et continue d’enseigner.

lundi 29 juin 2020

Un Père Et Manque de Michel Journo


Un Père Et Manque de Michel Journo, éditions Persée, 1er trimestre 2020, 135 pages, 13.50€


Synopsis :

« Le moteur de ma voiture sonne l’heure du départ, la pluie redouble, le froid s’installe à l’extérieur et dans mon cœur. Après avoir rechargé mes batteries allée 24 place 12 je commence déjà à les utiliser. Merci papa. Je vais devoir revenir très vite. »
 
Je me souviens très précisément du jour où la photo avec mon père et moi portant mon short fétiche bleu ciel a été prise. C’était l’été et nous étions en promenade sur la grande corniche de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Le paysage était sublime et dans un virage nous nous sommes arrêtés pour faire une photo. J’avais 8 ans, nous n’étions que tous les trois, ma mère mon père et moi. On y voit la pudeur entre nous, une distance mais un sourire aussi.
Pouvait-on imaginer que près de 50 ans plus tard, j’eus le besoin, l’envie presque maladive de lui rendre hommage, de le partager comme tout ce que j’aime, de le faire exister encore un peu avant que je ne disparaisse à mon tour et que ma plaie ne se referme avec moi ? Pouvait-il imaginer, lui, que 50 ans plus tard, il existerait encore dans mon quotidien, dans mes pensées ?
Le petit garçon de 8 ans qui se tient fièrement et timidement à ses côtés pouvait-il savoir que 15 ans plus tard, un matin de printemps, il allait le perdre pour toujours ?

Mon avis :

= Des non-dits avec lesquels tout est dit. =

‘‘Allée 24 place 12, la tombe de mon père.

Certains s’effondrent ou pleurent dans ces moments-là, moi étrangement mon esprit n’a que des pensées positives et cela depuis le premier jour de son décès.
J’avais le sentiment que la fin de sa vie était intervenue brutalement comme pour unir sa mort à ma vie et m’aider à y arriver, il avait dû penser que seul je n’y parviendrais pas et qu’il fallait son sacrifice, sa vie, son énergie pour avancer.’’

Michel Journo se dévoile à son lecteur dans ce récit à la fois touchant et plein d’émotion. Il parle de son père qui lui manque, de son deuil et ce sans tomber dans le mélo.

Un père qui parlait peu, mais dont les silences parlent aujourd’hui à l’homme qu’est l’auteur.

Il évoquera l’importance de la famille, mais aussi d’autres thématiques qui le touchent plus particulièrement dans son intimité.
Il s’abandonne, se livre à son lecteur sans retenue ce qui en fait un récit avec une très forte charge émotionnelle.

Sa nostalgie pour les objets du passé (années 50-60), ceux de son enfance, telle que les voitures, le juke-box, des objets dont il ne veut pas se séparer, car ils ont une âme, un passé, un vécu. Une époque avec une autre technologie que celle d’aujourd’hui et qui à ses yeux on plus de valeurs sentimentales.

Pourtant une phrase du roman qui évoque le titre reste une énigme pour moi :
''Je ne joue qu’à la roulette et sans stratégie ni marginale sauf une seule, je mise sur le 18 rouge et le 3 rouge << un père et manque >>''. Je n’ai pas su saisir le sens de cette phrase, mais peut-être que l’auteur pourra me répondre en voyant mon avis, qui sait.

L’auteur évoquera aussi son parcours de vie dans le monde des études puis dans celui du travail. Ainsi que sa passion pour le cinéma.

Ce récit est un hommage à son père. Touchant et pleins d’émotions à la fois, dont j’ai beaucoup apprécié la lecture.

Ma note de lectrice : 18/20                                        Un avis By Maria Lebreton.




Quelques mots sur l’auteur :

Après avoir exercé divers métiers et arrivé à la cinquantaine, Michel Journo a soudainement eu le besoin de faire l’inventaire de sa vie, de ces années où la présence profonde de son père (décédé il y a plus de 30 ans) guidait jour après jour ses choix. Il a ressenti l’envie de le raconter, et de se raconter à travers lui, pour ainsi rendre présents ces gens absents qui ne vivent que par l’intermédiaire de ceux qui en parlent.

samedi 13 juin 2020

Menaces, d’Amélia Gray


Menaces, d’Amélia Gray, éditions de l’Ogre, août 2019, 321 pages, 22 €


 
Synopsis :

Depuis la mort de sa femme, David, un ex-dentiste à la dérive, ne cesse de trouver d’étranges menaces dissimulées partout dans sa maison. Pataugeant dans la confusion, David va tant bien que mal mener l’enquête pour trouver l’auteur de ces lignes, faire la lumière sur la disparition de sa femme, et gérer sa toute nouvelle vie de veuf.
Il se passe quelque chose de magique dans l’écriture de Gray. En prêtant une telle attention aux petits détails, en prenant tant de soin à décrire comme en laboratoire les objets de la perception de David, c’est comme si Gray mettait ces objets sur des autels, les mettait sous la lumière d’un projecteur. Et, ce faisant, d’insignifiants, ces objets deviennent d’un coup saturé de sens : tout ce qui entoure David semble être doté d’un sens secret que David comme le lecteur croit toujours être sur le point de saisir.

Premier roman à l’ambiance unique, à la fois étrange et inquiétante, évoquant Blue Velvet de David Lynch, Menaces est un récit aussi drôle que poignant sur le deuil et sur la difficulté à accepter la disparition d’un proche.

Mon avis :

= Un deuil difficile et un décès étrange.  =

‘‘Le scotch entourant le paquet était doublé de ficelle cirée. Davide tâtonna en essayant de glisser les ongles sous le bord du ruban adhésif. Il n’avait aucune envie d’aller chercher un couteau à la cuisine et préféra perdre du temps à examiner chaque recoin du colis pour trouver l’extrémité qu’il allait pouvoir décoller. A l’intérieur se trouvait une boîte en polystyrène, fermée elle aussi par du scotch épais. Un reçu était attaché au couvercle, indiquant des frais de crémation…’’

David vient de perdre sa femme Franny. Elle morte dans des conditions étranges et suspectes.
Il va découvrir un peu partout et par hasard chez lui d’étranges mots de menaces. Il décide de mener son enquête afin de découvrir ce qui est réellement arrivé à sa femme et surtout l’auteur de ces messages.

Un roman dont la thématique principale est le deuil. Celui d’un homme qui se laisse lentement sombrer.

Au début du roman, j’ai été dérouté de ma lecture l’autrice fait des va et viens dans le temps. Racontant parfois des bouts de vie passée de David sans transition, ce qui m’a un peu perdu dans ma lecture.
Puis par la suite, je me suis habituée et c’est devenu plus clair et fluide.

Le lecteur est plongé dans un univers original et bizarre (dans le bon sens du terme).
La difficulté d’affronter la mort d’un être chère, parfois la violence de certaines scènes décrites, mais aussi un récit parfois accueillant l’humour, fait que ce roman est vraiment original tant par son contenu que par le style de l’autrice.

Une belle histoire mais qui m’a laissé sur ma faim quant au dénouement de l’histoire.


Ma note de lectrice : 15/20                            Un avis By Maria Lebreton.




Quelques mots sur l’autrice :

Amelia Gray née à Tucson, Arizona , le 17/08/1982 est l’autrice de cinq livres, dont récemment Isadora (FSG). Ses textes fictionnels et ses essais ont notamment été publiés par The White Review, The New Yorker, The New York Times, The Wall Street Journal, Tin House, et VICE.

Elle a été finaliste du PEN/Faulkner Award for Fiction pour son premier roman "Menaces".

Elle vit à Los Angeles.

L’écriture d’Amelia Gray se nourrit de son travail remarqué de scénariste pour les séries Mr. Robot et Maniac.

Le syndrome de Copernic d’Henri Loevenbruck

Le syndrome de Copernic d’Henri Loevenbruck, éditions J’ai lu, décembre 2007, 507 pages, 8€.   Synopsis : Un matin d'été ordin...